La “Fininfluence”, contraction de “finance” et d’“influence”, composée d’une communauté de finfluenceurs, se démocratise sur les réseaux sociaux.
Entre éducation de qualité et promesses de gains faciles, comment s'y retrouver ? Nicolas Cheron, stratégiste boursier depuis plus de 20 ans et l’un des pionniers du mouvement, nous guide pour identifier les vrais experts des « dealers d'espoir ».
L'explosion de la demande d'informations financières sur les réseaux sociaux ces dernières années s'explique par plusieurs facteurs : « le confinement lié au Covid, l'augmentation de l'épargne, mais aussi un manque structurel d'éducation financière en France », analyse Nicolas Cheron, fort de vingt années d'expérience dans le secteur.
S'y ajoute une méfiance envers les conseillers traditionnels. « Les conseillers sont souvent des vendeurs de produits. La majorité des gérants ont des performances inférieures à leur indice », souligne l'expert. Ce terreau a favorisé l'émergence des « finfluenceurs ».
Une profession qui se structure
Loin des clichés négatifs, Nicolas Cheron défend une vision qualitative du métier. « L'influence financière, la vraie, est axée sur les finances personnelles, l'investissement et la gestion de patrimoine », explique-t-il, la distinguant d'une approche centrée sur la vente de produits.
Cette évolution se traduit par une régulation accrue. « De plus en plus d'influenceurs obtiennent des validations par des autorités comme l'AMF », précise Nicolas Cheron, parmi les premiers à avoir obtenu le certificat de l'influence responsable. L'AMF (Autorité des marchés financiers), gendarme français de la finance, veille au bon fonctionnement des marchés et à la protection des épargnants. Le site finfluencer.digital/awards répertorie désormais les personnes sérieuses dans ce domaine.
Repérer les signaux d'alerte
Comment distinguer un bon influenceur d'un potentiel arnaqueur ? « TikTok et Instagram sont plus propices aux arnaques que LinkedIn et X », prévient Nicolas Cheron. Cette différence s'explique par la nature même de ces réseaux : contrairement à TikTok et Instagram, qui sont principalement des réseaux de divertissement, LinkedIn est un réseau reconnu pour son usage professionnel et un ton globalement plus sérieux. Lorsqu'une fausse information y est publiée, des experts du sujet interviennent souvent rapidement pour la corriger ou la signaler. Ce mécanisme de régulation informelle est moins présent sur TikTok ou Instagram, où le contenu se diffuse plus vite et où la vérification des faits est parfois plus difficile à mettre en œuvre.
L’expert pointe ceux qui « attirent les gens vers des canaux Telegram ou Discord privés où sont vendus des abonnements à des conseils en ligne souvent douteux ».
La véritable arnaque repose sur ce que l'expert appelle les « dealers d'espoir » : des influenceurs qui promettent des gains faciles. « Il n'existe aucun recours en cas d'arnaque via des influenceurs basés à Dubaï et des courtiers non régulés », avertit-il.
Cinq bonnes pratiques pour se protéger
Face à cette jungle numérique, Nicolas Cheron recommande quelques règles simples :
- Privilégiez les plateformes sérieuses comme LinkedIn et X, où la transparence est davantage de mise.
- Recherchez les influenceurs qui éduquent sur le long terme. « Ma philosophie est d'inciter à investir progressivement dans divers actifs, en soulignant le pouvoir des intérêts composés », explique-t-il.
- Vérifiez les certifications. Les professionnels sérieux mentionnent leurs qualifications et respectent les obligations légales.
- Diversifiez vos sources. Parmi les influenceurs reconnus, Nicolas Cheron cite Guillaume Simonin, Xavier Delmas ou encore Thomas Mayol.
- Méfiez-vous des promesses de rendements anormalement élevés. Si une offre semble trop belle pour être vraie, elle l'est probablement.
Une réponse à un besoin réel
Malgré les risques, Nicolas Cheron reste optimiste. « Nous assistons à l'émergence d'une influence qualitative et responsable, loin de la finfluence tape-à-l'œil dopée à la promesse de gains rapides », observe-t-il.
Cette évolution répond à un besoin réel d'éducation financière. Les bons finfluenceurs contribuent ainsi à démocratiser des connaissances essentielles pour gérer son patrimoine.
Dans un contexte d'inflation et d'inquiétudes économiques, ils jouent un rôle crucial d'accompagnement. À condition de savoir les identifier et de garder un œil critique sur leurs recommandations. Car en matière de finance comme ailleurs, la promesse de richesse instantanée reste le premier signal d'une potentielle arnaque.
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