Vignette Crit’Air : l’arnaque qui colle aux citadins

Les mails et les sms de tentatives d'arnaque à la vignette Crit’Air sont légion et reviennent par vagues, notamment lorsque la réglementation évolue comme c’est le cas en ce début d’année. Les habitants des grandes villes sont particulièrement ciblés. Voici nos recommandations pour y voir plus clair et rester vigilant.

©Gettyimages/Paula Danielse

Depuis le 1er janvier 2025, les grandes métropoles telles que Paris, Lyon, Strasbourg, Grenoble et Montpellier imposent des restrictions de circulation plus strictes pour les véhicules munis d'une vignette Crit'air numéro 3 dans leurs Zones à Faibles Émissions (ZFE). La circulation est interdite pour les véhicules diesel mis en service avant 2011 et les véhicules essence immatriculés avant 2006. Cela concerne une part significative du parc automobile, à savoir environ 14,3 millions de véhicules, soit 41 % du total en France. Dans ce contexte, où les règles peuvent sembler complexes et en constante évolution, les fraudeurs peuvent profiter de la confusion pour intensifier les tentatives de phishing, en envoyant des communications trompeuses ciblant les propriétaires de véhicules affectés. 

La porte ouverte au hameçonnage

“Nos agents ont constaté que votre véhicule n’était pas muni de la vignette réglementaire Crit’Air, veuillez la récupérer sous peine de contravention…” Cet avertissement, reçu par mail ou SMS, vous incite à cliquer sur un lien frauduleux pour vous voler. C’est l’une des multiples formes d’hameçonnage (ou phishing en anglais), une technique qui vise à usurper l’identité d’une marque ou d’une organisation connue pour inciter la victime à fournir des informations confidentielles, personnelles ou professionnelles (identité, mot de passe, données bancaires…). 

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La vignette Crit’Air, un critère pour circuler en centre-ville

Depuis presque dix ans, la vignette Crit’Air s’appose sur nos pare-brises afin de différencier les véhicules les plus polluants de ceux les plus écologiques. Elle a été instaurée pour préserver la qualité de l’air dans les grandes villes et réduire l’impact environnemental de l’utilisation de la voiture. Il existe six vignettes, numérotées de 1 à 6. Plus le numérotage est élevé, plus le véhicule est polluant.

L’affichage de cette vignette est obligatoire lorsque vous circulez pendant un pic de pollution et que la circulation différenciée est mise en place. Elle est également indispensable lorsque vous conduisez dans les agglomérations classées zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), répertoriées par les applications ZFE.green et Bison Futé, qui renseignent également les restrictions de circulation. La plupart des grandes aires urbaines de France sont classées comme telles, afin d’améliorer le confort de vie et la santé de ses habitants. Dans ces zones, les véhicules les plus polluants n’ont pas le droit de circuler dans la journée.

Une tentative d’hameçonnage bien rodée

Le seul site officiel permettant de commander la vignette Crit’Air est https://www.certificat-air.gouv.fr/. Elle coûte 3,77 € et est valable pendant toute la durée de vie du véhicule, contrairement à ce que prétendent les messages alarmants et anxiogènes reçus par la victime. Ces derniers tentent de faire payer à nouveau la vignette, prétextant que l’actuelle arrive à expiration.
Le sms ou mail reçu contient toujours un lien que la victime est invitée à suivre pour accéder au formulaire de commande de la vignette. L’automobiliste est alors redirigé vers un site internet trompeur créé par les escrocs.
Pour le mettre en confiance, ce site reprend les codes visuels du site officiel, avec les mêmes logo, couleurs et mises en page. Les liens et rubriques cliquables de ces sites frauduleux vont jusqu’à renvoyer sur les pages correspondantes du site de référence TEST.

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La page affiche généralement un formulaire où sont demandées des informations sur le véhicule concerné par la vignette (numéro de plaque d’immatriculation, date de mise en circulation…), des informations personnelles telles que les nom, prénom, date de naissance, adresses postale et électronique… Ensuite, sont demandées les coordonnées de carte bancaire de la victime pour le paiement de la vignette (numéro de carte, date de validité et code à trois chiffres figurant à son dos, également appelé « cryptogramme »). In fine, la victime aura communiqué un grand nombre de données personnelles et bancaires aux cybercriminels à l’origine de cette escroquerie.

Arnaque Cit'Air : quels sont les recours ?

Si cette arnaque concerne essentiellement les habitants des grandes villes (Paris, Lyon, Strasbourg, Marseille…), qui sont concernées par les restrictions liées à la vignette Crit'Air, le phishing (hameçonnage en français) concerne tout le monde. Ne cliquez jamais sur les liens. De plus, une instance gouvernementale ne vous enverra jamais un mail ou un SMS pour vous demander de régler une contravention ou une amende en l'absence d’un agent. Elle le fera par voie postale.

Dans ce cas précis, rappelez-vous que votre vignette Crit'Air est valable pendant toute la durée de vie de votre véhicule. Il n'existe pas de vignette Crit'Air "version 2025".

Enfin, ne cédez pas à la pression et à l'urgence instaurée dans le mail ou le SMS. Prêtez plutôt attention aux moindres détails. Dans l’exemple ci-dessus, vous pouvez voir que le lien se termine par « .net » alors que les sites officiels de l’État se terminent par « .fr ».

Si vous avez effectué le paiement, voici comment réagir.

Faites opposition à votre carte bancaire. Pour cela, deux options :

  • appelez votre conseiller bancaire ou le numéro de votre banque. Bien souvent « Faire opposition » est une option du menu sonore
  • le 0 892 705 705 est le serveur interbancaire, 24h/24, 7 jours sur 7 (coût d’un appel vers un numéro fixe + service payant, depuis un téléphone fixe ou mobile)

Déclarez la fraude aux forces de l’ordre (police ou gendarmerie). Vous pouvez faire un signalement en ligne via le téléservice Perceval, ou porter plainte dans un commissariat ou une gendarmerie ou par courrier.

Entreprenez les démarches pour vous faire rembourser de la somme débitée*

Pour être remboursé, vous devez signaler la fraude à votre banque au plus tard 13 mois après la date de débit. Ce délai est de 70 jours si l'établissement du bénéficiaire du paiement se situe hors de l'Union européenne ou de l'Espace économique européen (articles 133-1-1 et 133-24 du Code monétaire et financier).

La banque doit vous rembourser immédiatement la somme débitée et les éventuels agios (article 133-18 du Code monétaire et financier).

Aucune assurance spécifique n'est nécessaire pour bénéficier de cette disposition légale.

Dans certains cas, votre banque peut refuser de vous rembourser l’intégralité de la somme. Vous devrez prendre en charge une partie des pertes, à hauteur de 50 € maximum (article L.133-19 du Code monétaire et financier).

Le chargeback, ou rétro facturation, peut également permettre d’être remboursé, sous certaines conditions.

* Source economie.gouv.fr

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